Monthly house view | Juin 2025
Contexte
La politique budgétaire des Etats-Unis est au cœur des préoccupations des marchés financiers, tout comme l’inquiétude croissante quant à la soutenabilité de la dette US. Le «One Big Beautiful Bill Act» (BBB) –le projet de loi de finances porté par Donald Trump, qui promet allègements fiscaux, coupes budgétaires et augmentation des dépenses – ne fait qu’exacerber des craintes déjà alimentées le mois dernier par la perte de la note AAA jusqu’ici attribuée par Moody’s à la dette américaine. Approuvé de justesse par la Chambre des représentants, le projet de loi doit encore passer le cap du Sénat. Pour les marchés, l’impact de cette loi sur le déficit et sur le niveau global de la dette constitue un grand point d’interrogation. Les sceptiques anticipent une envolée du déficit, alors que les défenseurs du projet de loi ne partagent pas cette crainte.
Le BBB constitue de fait un pari politique risqué pour l’économie US. L’élan qu’il promet pourrait soutenir la croissance et doper les actions. Mais l’impact des mesures prévues sur le déficit budgétaire et sur le niveau global de la dette risque d’alarmer les investisseurs. S’ils venaient à exiger un rendement proche de 5% pour acheter des obligations du Trésor US à 10 ans, la croissance et les marchés pourraient sensiblement marquer le pas. Le résultat des adjudications sera l’arbitre. Les autorités américaines disposent de différents outils pour essayer d’endiguer la hausse des rendements du Trésor, notamment une réforme planifiée du ratio de levier supplémentaire (SLR), qui permettrait aux grandes banques américaines de libérer jusqu’à 2000 milliards de capitaux propres. Mais le risque est de voir les investisseurs étrangers – japonais p. ex. – se détourner du marché des obligations du Trésor US au profit de leur propre marché, où les rendements sont également en hausse.
Autre risque, une des dispositions de la loi donnerait aux Etats-Unis la possibilité de surtaxer certains investisseurs étrangers, ce qui pourrait perturber le marché des capitaux. Quoi qu’il en soit, le secrétaire au Trésor Scott Bessent est catégorique: «Les Etats-Unis ne seront jamais en défaut de paiement.»
Laisser la porte ouverte aux valeurs technologiques
Compte tenu des incertitudes liées à la politique menée à Washington et aux niveaux de rendement élevés, nous restons prudents à l’égard des actions US. Il semble toutefois judicieux de laisser la porte ouverte aux valeurs technologiques américaines,
qui présentent toujours de solides résultats et des perspectives porteuses. Les bénéfices du secteur profitent en outre de la faiblesse du dollar et sont les moins sensibles à la hausse des taux d’intérêt.
Dans la zone euro, le ralentissement de l’inflation permet à la Banque centrale européenne d’envisager de nouvelles réductions des taux, ce qui renforce l’attrait des obligations européennes investment grade. Le private equity immobilier européen devrait également profiter d’une baisse des taux, le cas échéant. Nous préférons les actions européennes aux actions américaines.
Incidences sur l’investissement
Dans les périodes de turbulences, prendre du recul et garder la tête froide est indispensable. Notre positionnement de base, essentiel pour assurer la résilience des portefeuilles, vise à tirer profit des opportunités suggérées par notre scénario central. Nos convictions concernant certains marchés et segments devraient constituer une source de plus-values supplémentaires. Enfin, conserver une certaine flexibilité offre aux investisseurs la marge de manœuvre nécessaire pour réagir aux développements inattendus.
3 choses à savoir
1. «C’est la politique budgétaire, stupide!»
- La Chambre des représentants a approuvé le One Big Beautiful Bill Act (BBB), projet de loi de finances qui promet allègements fiscaux, coupes budgétaires et augmentation des dépenses.
- Ce projet de loi alimente l’inquiétude des investisseurs quant à la soutenabilité de la dette américaine.
- Le texte est actuellement examiné par le Sénat. Un certain nombre de républicains souhaitent y apporter des modifications.
- Le débat autour du BBB et de la situation budgétaire des Etats-Unis intervient après la décision de Moody’s de priver la dette américaine de son AAA le mois dernier.
2. Un pari politique risqué
- Le BBB constitue un pari politique risqué pour l’économie américaine.
- L’élan promis par le projet de loi pourrait soutenir la croissance et doper les actions.
- Mais l’impact des mesures prévues sur le déficit budgétaire et sur le niveau global de la dette sera déterminant.
- Si les investisseurs venaient à exiger un rendement proche de 5% pour acheter des obligations du Trésor US, la croissance et les marchés pourraient sensiblement marquer le pas.
3. Laisser la porte ouverte aux technologiques américaines
- L’incertitude liée à la politique américaine et au niveau des rendements obligataires nous incite à rester prudents à l’égard des actions US.
- Il nous semble toutefois judicieux de laisser la porte ouverte aux valeurs technologiques, compte tenu de la bonne tenue de leurs bénéfices et de leurs perspectives porteuses.
- Les profits dans ce segment de marché bénéficient de la faiblesse du dollar et sont les moins sensibles à la hausse des taux.