La passion seule ne suffit pas
Né en Equateur, Christoph déménage tous les trois à quatre ans avec sa famille, suivant le rythme de la carrière de son père au sein d’une grande entreprise multinationale. Pendant son enfance, il est donc immergé dans une multitude de cultures et de pays, de l’Amérique du Nord à l’Asie en passant par l’Europe. Grandir dans des contextes si différents lui permet de développer une profonde appréciation pour la diversité du monde et de ses populations. Très jeune, Christoph sait déjà que sa future carrière sera tournée vers les relations humaines et les voyages.
À la fin de sa scolarité, Christoph décide de partir à la découverte du monde par lui-même et achète avec ses économies un billet aller simple pour la Tanzanie. Là-bas, il se lie d’amitié avec Rudy, un enseignant tanzanien qui va profondément marquer son parcours professionnel et personnel. «Rudy m’a raconté qu’il était l’un des sept enfants de sa famille, et que ses parents avaient dû choisir lequel d’entre eux irait à l’école, celui qui avait le plus de chances de réussir et de trouver un travail afin de subvenir aux besoins de toute la famille. Cette histoire m’a ouvert les yeux. J’ai réalisé que je n’aurai jamais à faire un tel choix avec mes propres enfants, simplement parce que j’avais gagné à la loterie de la vie.»
À la suite de cette rencontre, Christoph décide de s’orienter vers une carrière qui lui permettra de contribuer à sa manière à un monde meilleur. Ce rêve en tête, il entreprend des études en anthropologie et en littérature allemande à l’Université d’Oxford Brookes et à l’Université de Cologne, qu’il complète ensuite par un diplôme de journaliste à la London School of Journalism.
Sur le terrain, j’ai vite découvert une tout autre réalité. Les habitants étaient devenus dépendants du soutien de l’association. C’est à ce moment que j’ai compris que la passion seule ne suffisait pas.
En 2005, Christoph réussit à convaincre les fondateurs d’une petite organisation à but non lucratif, active dans la gestion d’écoles et de cliniques en République Dominicaine et à Haïti, de l’engager comme assistant directeur de projet. Cette expérience deviendra un autre événement marquant de son parcours. «D’après les rapports que les fondateurs m’ont présentés, l’organisation semblait avoir un impact très important sur les communautés, du moins sur le papier. Mais sur le terrain, j’ai vite découvert une tout autre réalité. Les habitants étaient devenus dépendants du soutien de l’association. Les fournitures scolaires et les médicaments étaient revendus aux communautés voisines, et l’animosité ainsi que la jalousie régnaient entre les villages soutenus et ceux qui ne l’étaient pas. C’est à ce moment que j’ai compris que la passion seule ne suffisait pas.»
Dans sa vie privée, Christoph est également engagé dans des causes aussi diverses que la lutte contre le trafic sexuel, le soutien aux communautés autochtones d’Amérique latine, ou encore la préservation de la biodiversité. Que ce soit par des dons ou par un travail pro bono, son engagement à rendre le monde meilleur est inébranlable.
Après deux ans, Christoph décide donc de déménager à Londres, déterminé à se rapprocher des donateurs et à contribuer à créer des programmes qui répondent réellement aux besoins des communautés. Il pose dans un premier temps ses valises au palais St. James, où il travaille pour The Prince’s Charities et The Prince’s Trust (aujourd’hui The King’s Trust), avant de rejoindre le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en tant que responsable de la collecte de fonds auprès de donateurs importants. Christoph a alors le sentiment d’avoir atteint ses ambitions professionnelles: voyager à travers le monde, rencontrer des personnes inspirantes et avoir un impact positif.
Cependant, tout était sur le point de changer. Un jour, au détour d’une conversation avec un important donateur d’UNICEF, lui-même client chez UBS et avec lequel Christoph avait tissé des liens étroits, il reçoit un conseil inattendu: rejoindre UBS en tant que conseiller en philanthropie. «Mon rêve avait toujours été de travailler dans le monde associatif, et certainement pas dans une banque. Alors, j’ai tout simplement rangé ce conseil dans un coin de ma tête.»
Mais quelques jours plus tard, Christoph reçoit un appel d’UBS l’invitant à un entretien pour le poste de conseiller en philanthropie. «J’ai réalisé que mon contact m’avait recommandé. Par respect pour lui, j’ai accepté l’entretien.» Mais Christoph n’est pas vraiment convaincu, jusqu’à son entretien avec l’ancien Head of Wealth Solutions d’UBS. «Il m’a expliqué qu’UBS gérait 2,3 billions de dollars, et que si je pouvais aider ne serait-ce que 1 % des clients à donner 1 % de leur patrimoine de manière plus stratégique, alors l’impact serait infiniment plus grand que ce que je pourrais accomplir chez UNICEF.»
Même si ce que je fais aujourd’hui est moins palpitant que mon expérience sur le terrain, je reste persuadé que l’impact est plus important.
Séduit par cet argument, Christoph rejoint UBS en 2015 en tant que consultant en philanthropie à Zurich, où il déménage avec sa femme et son fils. Un an plus tard, la naissance de sa fille vient agrandir la famille. En 2018, il saisit l’opportunité de devenir Head of Philanthropy and Family Advisory pour la côte ouest des Etats-Unis. Avec le soutien de sa femme, toute la famille fait à nouveau ses valises, cette fois pour Santa Monica, Los Angeles. «Être conseiller en philanthropie là-bas a été une expérience fascinante. J’ai eu la chance de conseiller des clients très différents, des célébrités d’Hollywood aux entrepreneurs tech de Palo Alto, en passant par de petites entreprises familiales dans les zones rurales de l’Utah.»
Mais le rêve américain perd de son éclat pour Christoph et sa femme à la suite d’une fusillade dans l’école de leur fils. Cet épisode est un véritable électrochoc pour toute la famille. C’est à cette période-là que Christoph est approché par Stéphanie Lair Crommen, Head of Wealth Solutions chez Pictet, pour développer un service de conseil en philanthropie au sein de Pictet Wealth Management. Christoph rencontre alors Rémy Best dans un restaurant à San Francisco. «Je pense que nous étions les deux seules personnes de toute la Californie à porter une cravate ce jour-là», se souvient-il en riant.
La gestion de fortune ne se limite pas à la gestion des actifs. Il s’agit aussi d’aider les clients à gérer leur patrimoine de manière globale. Et pour de nombreux clients, la philanthropie en est un élément fondamental.
Au fil de la conversation, Christoph demande à Rémy ce qui l’a motivé à lancer cette initiative. «Jusque-là, la discussion avait été très formelle. Mais dès que je lui ai posé cette question, j’ai perçu sa passion sincère pour la philanthropie. Cela m’a convaincu.» Fin 2020, il décide ainsi de déménager à Genève avec sa femme et ses deux enfants, avec la mission de créer de toutes pièces un service de conseil en philanthropie.
Aujourd’hui, cette offre est devenue une partie intégrante de la gestion de patrimoine. Ce que Christoph apprécie le plus dans son rôle actuel, c’est de rencontrer des clients passionnés et engagés dans des causes très variées, de découvrir leurs parcours et de leurs motivations, et de les aider à développer une démarche philanthropique réellement impactante. «La gestion de fortune ne se limite pas à la gestion des actifs. Il s’agit aussi d’aider les clients à gérer leur patrimoine de manière globale. Et pour de nombreux clients, la philanthropie en est un élément fondamental. Pouvoir offrir cette approche holistique aux clients, en les plaçant au cœur de la démarche grâce à une collaboration avec les collègues de toutes les équipes du wealth management constitue à mes yeux un véritable facteur de différenciation pour Pictet.»
«Ces dernières années, la philanthropie s’est professionnalisée. De plus en plus de donateurs souhaitent soutenir les causes qui leur tiennent à cœur de façon plus structurée et stratégique, ce qui entraîne une demande croissante de conseil en philanthropie.» L’arrivée récente de Nina Hoas, Senior Philanthropy Advisor, au sein de l’équipe Philanthropy Services de Pictet Wealth Management, contribuera sans aucun doute à répondre à cet intérêt grandissant de la part des clients.
Lorsqu’on lui demande s’il estime aujourd’hui avoir l’impact dont il rêvait, Christoph répond: «Je pense que oui. Même si ce que je fais aujourd’hui est moins palpitant que mon expérience sur le terrain, je reste persuadé que l’impact est plus important.»
Dans sa vie privée, Christoph est également engagé dans des causes aussi diverses que la lutte contre le trafic sexuel, le soutien aux communautés autochtones d’Amérique latine, ou encore la préservation de la biodiversité. Que ce soit par des dons ou par un travail pro bono, son engagement à rendre le monde meilleur est inébranlable.