Le trek de Joëlle dans le désert marocain

Une boussole, une carte et la solidarité avant tout: le trek de Joëlle dans le désert marocain

Le vendredi 28 février 2025, dans le petit village d’Ouzina, au cœur du désert marocain: Joëlle et ses trois amies, Patricia, Aurélie et Valérie, aident des villageois à construire un mur pour leurs maisons. C’est la Journée Solidaire, qui coïncide avec le dernier jour du trek Elles Marchent. Le corps plein de courbatures et la tête remplie d’émotions, les quatre copines peinent encore à réaliser à quel point cette aventure a renforcé leur amitié et leur confiance en elles.

Cela fait quelques années que Joëlle a complètement abandonné la course à pied, trop mauvaise pour les genoux, au profit de la marche longue distance. «L’avantage de la marche, c’est que c’est accessible à tout le monde, on commence par de petites distances, et on augmente progressivement. D’ailleurs, je ne me considère pas spécialement comme une grande sportive.» Pour une non-sportive, Joëlle a tout de même avalé d’incalculables kilomètres à la force de ses mollets, enchaînant les marches de 40km ou participant à des relais caritatifs, comme les 100km d’Oxfam. 

Quand une de ses amies lui propose de participer au trek Elles Marchent, qui aura lieu à peine quelques jours avant son 50e anniversaire, elle n’hésite pas une seconde. «Je me suis dit que ça me ferait un beau cadeau, et l’occasion de marquer mon entrée dans cette nouvelle décennie d’une manière originale». Et surtout, le fait de partager cette aventure avec trois de ses meilleures amies l’enthousiasme. «Nous marchons déjà beaucoup ensemble toutes les quatre. S’inscrire à ce trek nous a permis de partager un objectif commun.» Environ un an avant le coup d’envoi, elles commencent à s’entraîner ensemble.
 
Le trek Elles Marchent a été fondé il y a huit ans. Son concept: une course 100% féminine, qui est également une course d’orientation. Et si Joëlle est une marcheuse chevronnée, elle ne connaît pas grand-chose à l’orientation. Avec ses trois partenaires de course, elles suivent plusieurs heures de formation à l’orientation, ainsi qu’un week-end de stage, en guise de préparation.

Valérie, Joëlle, Aurélie et Patricia qui formaient l'équipe "Les Capgaumaises" - une référence à la région de "La Gaume", où elles vivent en Belgique. ©Emilie Eychenne

Le dimanche 23 février, Joëlle et ses amies débarquent à leur camp de base, qui rassemble 300 participantes en plein cœur du désert marocain. «L’arrivée au camp, la veille du premier jour de course, restera un des moments les plus marquants de mon aventure. On découvre le désert, il y a de la musique, du thé, de la nourriture. J’ai vraiment pu expérimenter la générosité et le sens de l’accueil des Marocains! A ce moment-là, je me dis: ça y est, ça fait un an que je rêve de ça, et là enfin j’ai les pieds dans le sable.»

De nuit, c’est splendide aussi, il n’y a pas un bruit, on a l’impression de pouvoir toucher les étoiles. On se sent petit et grand à la fois.

Pour les quatre amies, ce séjour dans le désert est une première. Elles sont immédiatement envoutées par le décor dans lequel leur aventure va se dérouler. «Il y a cette impression d’immensité. Souvent, quand nous marchions, nous ne croisions aucune autre équipe, juste des dromadaires et des chèvres. La couleur du sable est vraiment magnifique. De nuit, c’est splendide aussi, il n’y a pas un bruit, on a l’impression de pouvoir toucher les étoiles. On se sent petit et grand à la fois.»

Durant toute la durée du trek, il est interdit d’utiliser un appareil avec une connexion satellite, du type téléphone portable ou montre connectée. Chaque soir, les concurrentes doivent donc tracer leur parcours du lendemain sur une carte en se basant sur des points de latitude et longitude fournis par les organisateurs. Le jour suivant, c’est donc munies de leur carte et de leur boussole uniquement que les équipes doivent rallier une borne en un point précis, en empruntant le chemin le plus direct possible à vol d’oiseau. «Cela peut paraître simple, mais dans cet environnement, tout se ressemble beaucoup, les points de repère ne sont pas du tout les mêmes que dans un contexte urbain, il n’y pas de chemin balisé. Il faut vraiment bien étudier la carte et être attentif à chaque plante, chaque arbre ou chaque dune de sable afin de ne pas dévier de sa trajectoire.»

Au total, les concurrentes marchent environ 12 heures par jour, soit 25km. Et c’est éprouvant, car marcher sur du sable décuple les efforts. Il faut également gérer les éléments extérieurs, le froid, la chaleur, le vent, le sable qui vient dans les yeux. «Avant le début du défi, les organisateurs nous donnent de précieux conseils. Notamment sur l’importance de bien s’hydrater, car on ne ressent pas forcément la soif dans un environnement qui peut être très sec. Avec mes coéquipières, nous avions un mot code pour nous rappeler régulièrement de boire de l’eau. C’était… apéro!» 

En fin de journée, lorsque l’équipe arrive à sa borne, elle peut choisir de relever un défi supplémentaire, qui lui permet d’engranger plus de points. Il s’agit le plus souvent d’un challenge sportif, comme monter tout en haut d’une dune. Mais aussi parfois d’un défi de culture générale, sur la culture ou l’histoire du Maroc. A la fin des cinq jours de trek, l’équipe gagnante n’est donc pas forcément l’équipe la plus rapide, mais celle qui a tracé les meilleurs parcours et gagné le plus de points grâce aux défis. «Nous avons terminé au 53e rang (sur 73 équipes). Et nous sommes très fières de ce classement final.»

Ce n’est en effet pas la victoire que Joëlle et ses amies sont allées chercher, mais l’aventure humaine, le saut dans l’inconnu, et l’envie de renforcer leur estime de soi. «Il faut vraiment se faire confiance, surtout pour la partie orientation. Pour une de mes amies, qui a souvent tendance à se sous-estimer, le fait d’être excellente en orientation, un domaine pour lequel elle doutait beaucoup de ses capacités, lui a permis de gagner en assurance. Et ce qui m’a particulièrement plu dans cette course c’est que, avec un peu d’entraînement, tout le monde peut y arriver!» 

Au final, le trek aura encore plus resserré les liens entre Joëlle et ses trois amies. «Il y a eu des moments difficiles, des courbatures, des blessures, des ampoules et bien sûr, de la fatigue. Dans ce genre de situation, des tensions peuvent survenir dans une équipe. Mais rien n’est parvenu à perturber notre belle amitié et notre entente.» Pas même le jour où l’une des amies de Joëlle déclare qu’elle se sent trop faible pour participer au défi sportif de fin de journée. A l’unisson, ses trois coéquipières répondent: «Aucun problème, et tant pis pour les points perdus!» Ce défi, elles le font ensemble, en équipe, et restent donc 100% solidaires.

Quelques minutes avant de passer la ligne d'arrivée: un moment plein d'émotions pour Joëlle et ses amies. ©Leslie Lindauer

Le jeudi 27 février marque l’ultime jour de course et le dernier passage de la ligne d’arrivée, la journée du lendemain étant consacrée à une action solidaire, lors de laquelle les 300 concurrentes participent à différents travaux de construction pour venir en aide aux habitants du village d’Ouzina. «Les organisateurs font en sorte que chaque équipe arrive seule, afin qu’elle puisse célébrer ce moment. Les proches des participantes peuvent suivre ce moment en direct sur Facebook. Pour notre arrivée, nous nous sommes serrées dans les bras, nous avons sauté de joie et pleuré en criant le nom de notre équipe Les Capgaumaises!» 

Le choix de cette association était une évidence, car une de nos amies – nous sommes un groupe de cinq copines de longue date - est actuellement touchée par cette maladie.

Joëlle et ses amies ont profité de leur participation au trek pour lever des fonds pour l’association Think Pink, qui œuvre pour la lutte contre le cancer du sein. Au total, elles ont récolté 3700 euros grâce à plusieurs actions organisées avant leur départ, comme la vente de goodies, l’organisation de soupers spaghetti ou des appels aux dons sur les réseaux sociaux. «Le choix de cette association était une évidence, car une de nos amies – nous sommes un groupe de cinq copines de longue date - est actuellement touchée par cette maladie. Penser à elle durant le trek nous a souvent aidées. A chaque coup de mou, nous nous remotivions en nous rappelant notre chance d’être en pleine forme.»

A peine rentrée en Belgique, où elle vit, Joëlle – qui déborde d’énergie – ne prend pas vraiment le temps de se reposer. Elle recommence le travail, joue dans une pièce de théâtre, et contribue à organiser la participation de plus de 50 collaborateurs du Luxembourg à l’événement caritatif le Relais pour la Vie. En 2027, le trek Elles marchent fêtera ses 10 ans d’existence. Une date déjà inscrite dans l’agenda de Joëlle et de ses trois amies… 

Quand elle n'enchaîne pas les kilomètres dans le désert avec ses amies, Joëlle Clément est Banking Operations Officer pour T&O au Luxembourg. 

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