La nouvelle révolution industrielle

La nouvelle révolution industrielle

Il est temps pour les entreprises de tirer parti de l’IA, de la robotique et des outils numériques pour façonner des chaînes logistiques plus résilientes.

Alors que la Covid-19 a révélé la fragilité de la mondialisation, la polycrise du changement climatique, la montée des tensions géopolitiques et la guerre sur le flanc est de l’Europe ont accru la pression sur les entreprises pour construire des chaînes d’approvisionnement plus agiles et résilientes.

Mais le déplacement d’éléments de production vers de nouvelles zones géographiques, ou la relocalisation complète des opérations, peut augmenter le coût et la complexité de la satisfaction des demandes des consommateurs. Heureusement, la technologie offre une solution.

Planification et approvisionnement

Lorsque les entreprises déplacent des éléments d’une chaîne d’approvisionnement vers de nouvelles zones géographiques en construisant une nouvelle usine ou en changeant de fournisseurs de matériaux, elles risquent d’introduire des lacunes dans le processus en examinant le projet de manière isolée. La modélisation numérique avancée peut atténuer ce phénomène en fournissant aux gestionnaires de risques une vue holistique de la chaîne de développement.

Cependant, le calcul devient exponentiellement plus complexe lorsqu’il s’agit de déterminer la manière la plus efficace d’organiser un système composé de millions de micro-opérations. L’intelligence artificielle aide à résoudre, ou du moins à simplifier, ces équations. Selon Gartner, l’«exploration» de tâches ou de processus, comme on appelle cette méthode, a généré 1 milliard de dollars de ventes en 2022. Elle utilise une IA puissante pour passer au crible les «fichiers journaux» d’une entreprise, ou les enregistrements informatiques de chaque interaction au sein d’une chaîne d’approvisionnement, puis les convertit en informations exploitables qui peuvent déterminer de meilleures solutions. Pour les dirigeants qui décident de déplacer leurs opérations vers un nouveau site, l’exploration de processus peut aider à calculer les risques dynamiques tels que l’évolution des conditions climatiques ou la menace de perturbation politique.

Production et fabrication

L’atténuation des risques dans les chaînes d’approvisionnement nécessite souvent de déplacer les opérations vers des pays à hauts salaires. Mais la sophistication croissante de la technologie peut compenser ces coûts. L’application de nouveaux modèles d’apprentissage automatique permet aux robots de mémoriser le modèle selon lequel un opérateur humain guide ses bras et de le répéter pour saisir des objets ou maintenir des composants en place. Du fait de ces nouvelles compétences, les robots ne sont désormais plus limités au seul cadre industriel et les entreprises les utilisent de manière plus poussée dans la chaîne d’approvisionnement pour l’inspection des produits ou le recyclage des matériaux.

Ironiquement, le plus grand obstacle à l’adoption des robots est le manque d’humains qui savent les utiliser, explique Jeff Burnstein, responsable de l’Association for Advancing Automation. «Ces machines ont besoin de personnes pour les concevoir, les installer et les programmer», indique-t-il. À mesure que l’adoption des robots s’accélère, les entreprises remplaceront les partenaires qui fournissent du travail bon marché par des entreprises spécialisées dans des domaines particuliers de l’automatisation, de la programmation et de la maintenance, ajoute-t-il.

Assemblage automatisé

Une chaîne d’approvisionnement résiliente ne comptera certes jamais sur un seul partenaire, mais même une chaîne avec plusieurs fournisseurs peut être déstabilisée par une pandémie. Pour atténuer l’impact des événements mondiaux, certaines des plus grandes entreprises mondiales utilisent l’impression 3D pour rapprocher la fabrication du consommateur final. Cela réduit non seulement les coûts d’expédition et de stockage, mais permet également aux entreprises de réagir à la demande des consommateurs plutôt que baser leur production sur les prévisions.

Selon Wohlers Associates, l’impression 3D n’en est qu’à ses débuts, malgré une croissance de 18% en 2022. Les machines restent plus lentes et plus coûteuses que la fabrication humaine, tandis que les entreprises craignent toujours de devenir dépendantes des fournisseurs de matériaux. Pourtant, à mesure que la technologie s’améliore, les imprimantes 3D permettront aux entreprises de passer de la production de masse à la personnalisation de masse, tout en réduisant les risques et les coûts au sein des chaînes d’approvisionnement.

Liens avec les clients

L’automatisation réussie de la fabrication soulève des questions sur la manière dont les entreprises peuvent faire progresser la technologie. Les robots mobiles autonomes (RMA) circulent déjà dans les entrepôts en organisant les produits en groupes en fonction de leur destination ou de leurs délais de livraison, et les entreprises configurent désormais leurs robots pour travailler en dehors de l’entrepôt.

En avril, une start-up de RMA a annoncé que ses robots avaient effectué plus de 6 millions de kilomètres de livraisons, tandis qu’en Corée, une autre entreprise a annoncé son intention d’intégrer des caméras et l’IA de reconnaissance d’images pour créer des «robots de patrouille autonomes». Alors que les fourgonnettes et les navettes automatisées circulent dans les rues, l’industrie des RMA devrait atteindre une valeur d’environ 18 milliards de dollars d’ici 2040, selon le cabinet de conseil. 

«Les RMA sont comme des voitures autonomes, mais pour des environnements non structurés», explique Amit Goel, directeur de la gestion de produits pour les machines autonomes chez NVIDIA. «Ils n’ont pas besoin d’itinéraires fixes préprogrammés et sont capables d’éviter les obstacles, ce qui les rend idéaux pour les applications dans l’hôtellerie, le nettoyage, la sécurité itinérante et la livraison du dernier kilomètre.»

Plus rapide, plus performant, plus fort

Alors que les entreprises accélèrent le recâblage des chaînes d’approvisionnement mondiales, les nouvelles technologies leur offrent des moyens de construire des systèmes plus résilients. Les technologies «douces» telles que l’IA et le numérique peuvent identifier les lacunes et prévoir la demande des consommateurs avec une plus grande précision, tandis que les technologies «dures» telles que la robotique et l’impression 3D permettent aux entreprises de concentrer la fabrication près de l’utilisateur final, réduisant ainsi le risque de retards et de perturbations.

La nouvelle génération de conception de la chaîne d’approvisionnement vise avant tout à atténuer les risques, mais elle mènera également à l’innovation dans les modèles économiques.

Prenons l’exemple de l’évolution de l’industrie des ascenseurs. Le modèle économique consistait autrefois à vendre des ascenseurs au coût de production, puis à gagner de l’argent grâce à des contrats d’entretien longs et lucratifs. Mais aujourd’hui, les nouveaux arrivants sur le marché sous-estiment le modèle commercial existant en utilisant des capteurs et des logiciels propriétaires pour anticiper les défauts et les corriger. C’est le type d’automatisation incrémentielle qui réinvente les chaînes d’approvisionnement et transforme les industries.

Cet article a été publié par le Financial Times. À l’origine, il est paru dans: https://pictet.ft.com/how-de-risking-the-supply-chain-could-drive-industries-to-innovate 
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