Investir et gérer à long terme

Investir et gérer à long terme

Nous vivons dans un monde complexe, à une époque marquée par un changement de paradigme économique. Le changement a toujours fait partie du paysage et les risques n’ont jamais été nuls, c’est un fait. Mais les évolutions que nous connaissons actuellement semblent plus significatives. A quoi s’attendre dans les 12 prochains mois? Quelles conséquences pour les investissements?

Alexandre Tavazzi, responsable du CIO Office et de la recherche macroéconomique, Pictet Wealth Management

Nos prévisions pour les 12 prochains mois:

La croissance devrait être très hétérogène. Elle devrait atteindre environ 2% aux Etats-Unis, alors qu’elle sera quasi nulle dans la zone euro. La Suisse devrait faire légèrement mieux, et la Chine afficher une progression d’environ 4,7%. Attention toutefois: cette dernière a longtemps été coutumière d’une croissance annuelle de 8% à 10%, donc 4,7% est loin d’être exceptionnel.

Dans leur immense majorité, les ménages américains se sont endettés à taux fixe. La remontée des taux directeurs ne les pénalise donc pas, ce qui est une bonne nouvelle pour le PIB américain. De son côté, la Chine se heurte à des problèmes structurels liés aux difficultés du secteur immobilier, qui représente environ un tiers de l’économie locale. L’Europe évolue en ordre dispersé: les pays du sud profitent du retour des touristes enfin déconfinés, alors que l’Allemagne souffre de ne plus avoir accès à une énergie russe bon marché et du ralentissement de la croissance de la Chine, l’un de ses principaux partenaires commerciaux.

Pour les investisseurs, le tassement de l’inflation et la remontée des taux d’intérêt sont synonymes de meilleures performances. Et, pour ceux qui investissent en dollars, les liquidités constituent une option pertinente, puisque la rémunération de marché est de 5%. Nous adoptons un positionnement neutre face aux actions, tout en observant une très forte concentration de la performance sur une poignée d’entreprises. Nous apprécions l’or, qui profite de la forte demande des banques centrales et des fonds d’investissement souverains. Il offre par ailleurs une bonne couverture contre les événements géopolitiques. Les actifs non cotés jouent également un rôle important dans notre stratégie d’allocation. Et nous faisons preuve d’un optimisme exigeant vis-à-vis des millésimes à venir.

Maria Vassalou, responsable du Pictet Research Institute, Groupe Pictet

Nous vivons une période particulièrement incertaine. Après des décennies d’intensification des échanges commerciaux et de mondialisation, nous observons une inversion partielle du processus, qui découle de deux éléments: si la mondialisation a fait augmenter la prospérité au niveau mondial, elle a renforcé la spécialisation de certains pays, ce qui s’est avéré coûteux sur le plan économique. Quand la crise financière a frappé, l’économie de ces pays a moins bien résisté, alors que ceux qui avaient une base plus diversifiée, comme les Etats-Unis, ont pu rebondir beaucoup plus rapidement.

Puis, au moment de la pandémie, nous avons découvert que la mondialisation avait aussi compartimenté les lignes de production: quand les pays se sont confinés les uns après les autres, des pénuries sont apparues un peu partout dans le monde. Cet épisode a poussé la planète à repenser sa façon de produire, plus tournée vers le nearshoring, la relocalisation et la réindustrialisation de pays devenus trop axés sur les services. Un nouvel environnement géopolitique, que je qualifierais de «Guerre froide 2.0», est en train d’émerger. Contrairement à la version originale, où deux systèmes (capitalisme et communisme) se faisaient concurrence pour prouver leur supériorité, le nucléaire servant de force de dissuasion, l’objectif des puissances qui s’affrontent aujourd’hui est principalement la domination politique. On le voit clairement dans l’alliance qu’ont forgée la Chine et la Russie après l’invasion de l’Ukraine, ou encore dans la collaboration renforcée des BRICS Plus contre le bloc occidental.

Banque plus que deux fois centenaire, Pictet cherche à comprendre comment le monde évolue et quels sont les vecteurs de ces changements pour pouvoir adapter efficacement sa philosophie d’investissement. S’agissant de la soutenabilité de la dette américaine, par exemple, nous constatons que le ratio dette/PIB a doublé en 20 ans, passant d’environ 60% en l’an 2000 à 120% à l’heure actuelle. Il devrait encore augmenter mais, en parallèle, il semble difficile de réduire les dépenses publiques. Pourtant, le dollar reste l’une des devises les plus solides au monde, et les bons du Trésor américain sont considérés comme des actifs extrêmement sûrs et liquides. La question est donc la suivante: combien de temps la dette américaine peut-elle continuer d’augmenter sans menacer le statut de valeur refuge par excellence des Etats-Unis? A quoi l’avenir ressemblera-t-il? La réponse à ces questions aura des répercussions profondes sur la valeur du dollar, le rôle des bons du Trésor et la façon dont nous imaginons nos portefeuilles.

A l’autre bout du spectre, nous devons nous interroger régulièrement sur la méthode que nous utilisons pour construire les portefeuilles: est-elle toujours optimale? Par exemple, la profession a pris l’habitude de voir l’investissement sur les marchés cotés et non cotés comme deux choses différentes. C’était relativement logique quand le non-coté ne représentait qu’un infime pourcentage de l’activité économique. Mais tel n’est plus le cas aujourd’hui, et de plus en plus d’entreprises choisissent de ne pas entrer en bourse. A l’avenir, pour qu’ils soient optimaux, il faudra peut-être envisager les portefeuilles de façon holistique. L’une des missions du Pictet Research Institute est de repenser notre cadre d’investissement pour que les portefeuilles que nous concevons continuent, face à des marchés de plus en plus incertains, de profiter des hausses et d’apporter une protection contre les baisses.

Elif Aktug, associée-gérante, Groupe Pictet

Nous sommes une entreprise non cotée, donc nous comprenons bien ce marché. Quand on investit, il faut penser à la diversification et ne pas mélanger les actifs non cotés auxquels on est exposé (une entreprise familiale, par exemple) et les actifs non cotés qu’on détient à des fins d’investissement. L’intérêt principal des actifs non cotés, c’est d’abord et avant tout la décorrélation des rendements.

Sur le marché non coté, qui représente environ 80% de l’économie, vous avez accès aux entreprises qui ne sont pas accessibles en bourse. Par essence, un certain nombre de start-up et d’entreprises innovantes ne sont pas cotées. A l’heure actuelle, certains domaines, comme ceux qui allient intelligence artificielle et biotechnologie, sont particulièrement intéressants. Et accessibles uniquement par le marché non coté.

Il ne faut pas oublier la création de valeur. Qu’il s’agisse d’immobilier ou de private equity, la patience est indispensable pour voir cette valeur se concrétiser. Par exemple, c’est en prenant un actif et en le rendant plus durable qu’on génère une surperformance.

Quand on construit un portefeuille d’actifs non cotés, il faut faire preuve de sélectivité, d’abord. Et ne jamais oublier, ensuite, que ces investissements sont illiquides et qu’ils le resteront (on ne peut pas changer un solide en liquide…). Il faut attendre, patiemment, que la valeur émerge de ce capital bloqué et génère un rendement. Dernière chose: il est impossible d’investir de manière versatile. Si vous voulez miser sur les actifs non cotés dans la durée, il faut définir un programme, persévérer et vous exposer à différents millésimes pour diversifier votre portefeuille.

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