Michael Lehmacher

Un voyage émouvant à 8000 m d'altitude.

Nous sommes lundi midi, et tout paraît normal. Et pourtant, au lieu de profiter de leur pause-déjeuner, plus de 140 collaborateurs sont réunis à l’auditorium de Pictet, à Genève. Ils sont pressés d’écouter Michael raconter sa récente expédition au Manaslu, la «montagne de l’Esprit», qui culmine à 8163 mètres, soit le huitième plus haut sommet du monde. Ses compagnons d’aventure, Philippe, ancien collaborateur, et L., client de Pictet, sont assis au premier rang.

Dans le public, nombreux sont ceux à se demander comment on peut prendre deux mois de congé sans solde pour s’embarquer dans une telle aventure! A lui seul, le trajet jusqu’au camp de base est une épreuve: plusieurs vols, des heures de Jeep, un trek de 10 jours... Les équipes montent ensuite depuis le camp de base par palier jusqu’à 7000 mètres, puis en redescendent, sur trois semaines. «L’objectif est de monter très haut, et de dormir plus bas, pour que le corps s’adapte progressivement à la raréfaction de l’oxygène (7,5% contre 21% au niveau de la mer) en produisant plus de globules rouges.»

«A plus de 6000 mètres, dormir, c’est presque mission impossible... Le cœur bat très vite, on a du mal à manger, le corps se met en mode survie. On commence à perdre sa lucidité.»

Mais alors pourquoi s’engager dans un tel périple? C’est sa passion pour la montagne, son goût pour le défi (après tout, il est risk manager!), et son amitié de plus de 10 ans avec L., qui ont motivé Michael. Il y a dix ans, L., en dernière minute, a dû trouver un troisième coéquipier pour la fameuse Patrouille des Glaciers, une course mêlant ski et alpinisme, en Suisse, connue pour sa difficulté. En dernier recours, il a contacté Thierry, son gérant chez Pictet, pour savoir s’il pourrait l’aider. Thierry avait entendu parler de Michael par le bouche-à-oreille, et il a mis ces deux passionnés en contact. La rencontre a marqué le début d’une solide amitié, puisque le binôme a terminé la Grande Patrouille à quatre reprises.

Ensemble, ils ont escaladé plusieurs des plus hauts sommets alpins. Ils sont ensuite partis en expédition au Kilimandjaro, avant de s’attaquer en 2019 au mont McKinley en Alaska (aussi appelé Denali), plus haut sommet d’Amérique du Nord culminant à 6190 mètres. «Sans porteurs, nous avons dû hisser chacun 60 kilos d’équipement (traîneaux et sacs à dos inclus) sur un glacier aux neiges éternelles. Le rythme, lent, nous a tout de même aidés à nous acclimater à l’altitude, et au froid extrême, à - 35 °C.» Ils ont ensuite été rejoints par Philippe Givel, ancien de Pictet Trading & Sales, lui aussi passionné d’aventures.

Le trio s’est alors lancé un défi encore plus fou: le Manaslu, 8000 mètres, au Népal. Leur objectif était d’être les premiers Suisses (après Sophie Lavaud et un autre alpiniste) à atteindre le véritable sommet. Jusqu’en 2021, les alpinistes n’arrivaient que jusqu’à l’avant-sommet (ou «antécime»), mais des images par drone avaient depuis révélé le «vrai» sommet. Si la distance qui les sépare est assez courte (6,7 mètres pour être précis), pour atteindre le véritable sommet, il faut traverser une pente raide et rocailleuse, et gravir une arête exposée et technique. La moindre chute est fatale.

Le piolet fiable de Michael 

Même avec une météo favorable, atteindre le sommet n’est pas gagné. Michael se souvient: «Un des membres de l’équipe a dû abandonner à cause de problèmes oculaires. A ces altitudes, le moindre problème vous oblige à abandonner.»  Malgré les risques, Michael a persévéré. «Au-dessus de 7000 mètres, on ne pense plus aux dangers d’un faux pas ou d’un mousqueton qui casse. On se focalise… sur le prochain pas.»

Le 21 septembre 2023, Michael et L. ont finalement atteint le véritable sommet à 5h30, à l’issue d’une ascension depuis le camp 3 situé à 6700 mètres. Philippe y est parvenu à son tour quelques jours plus tard. Le paysage était irréel. Mais ils se trouvaient dans la «zone de la mort», diminués par les effets de l’hypoxie, avec peu de nourriture, la fatigue accumulée et des bouteilles d’oxygène qui se vidaient très vite. Il était temps de redescendre en toute sécurité vers le camp de base, et de fêter leur exploit. 

D’ailleurs, il leur a fallu un certain temps pour vraiment réaliser. Ce n’est que plusieurs semaines après leur retour que Michael a explosé de joie. «On venait de faire un 8000 et on était parmi les premiers Suisses à atteindre le vrai sommet du Manaslu!» 

De retour au travail, repris par le quotidien, Michael a commencé à ressentir une sorte de vide. «Mon corps s’est détendu et les globules rouges en trop ont fini par quitter mon organisme. Je n’étais plus vraiment au meilleur de ma forme. Un épuisement profond, ça a été très dur mentalement.» 

Michael souffrait probablement d’une déprime post-expédition, propre aux athlètes qui se soumettent à une souffrance mentale et physique prolongée. «C’est incroyable ce que le cerveau peut faire, à quel point il peut faire disparaître la douleur et la peur pour nous permettre d’atteindre un objectif fou.»

On venait de faire un 8000 et on était parmi les premiers Suisses à atteindre le vrai sommet du Manaslu!

Il a préféré garder son ressenti pour lui, pour ne pas décevoir et inquiéter sa famille, ses amis, ses collègues, qui l’avaient soutenu dans son rêve pendant des mois. «C’est vraiment grâce à leur enthousiasme qu’on a pu atteindre le sommet.»

Ce sont les souvenirs de cette aventure dans l’Himalaya qui ont aidé Michael à sortir la tête de l’eau. Les plaisirs simples de la vie: la chaleur des premiers rayons de soleil éclairant ces montagnes imposantes, l’air raréfié en haute altitude, le silence seulement rompu par le crissement des chaussures sur la neige et le sentiment de sérénité lié à l’éloignement du tumulte du quotidien.

Il repensait aussi aux sherpas, ces montagnards tibétains qui avaient rendu cette aventure possible et mémorable sur le plan humain et culturel. Leur courage inébranlable, leur résistance et leur bienveillance face à des conditions aussi difficiles ont été une source d’inspiration pour lui sur place, et encore aujourd’hui une fois revenu.

En 2024, les rôles se sont inversés, puisque Michael et Philippe ont joué les guides pour les sherpas qui les avaient accompagnés jusqu’au sommet du Manaslu. «Ils nous ont rendu visite en Suisse en février, ils avaient envie d’essayer quelque chose de nouveau. Alors, on les a emmenés skier!»

Quand il n’est pas en train de gravir un sommet, Michael est Group Head of Market Infrastructure and Model Risk. 

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