Une seconde vie pas comme les autres

Une seconde vie pas comme les autres

Depuis qu’il a cédé ses parts dans une prestigieuse maison de joaillerie italienne, Andrea Morante allie esprit d’entreprise et passion pour l’art.

Un départ inattendu

Comme tant d’autres entrepreneurs, Andrea Morante a changé de cap sans l’avoir forcément prévu. A la fin des années 2000, après une carrière dans la banque d’affaires et le conseil, il s’était vu proposer par Pino Rabolini, le fondateur de l’entreprise de joaillerie italienne Pomellato, alors en mains privées, une participation minoritaire importante ainsi que la direction générale. Pourtant, en 2013, les deux hommes cédaient l’activité à un géant mondial du luxe en raison de la santé déclinante du créateur de la marque. Un élément qu’Andrea Morante n’avait pas anticipé à son arrivée.

Beaucoup de chefs d’entreprise dédient leur vie à leur activité. La vente et les mois qui suivent sont donc des périodes particulièrement difficiles. Je détenais une partie du capital de Pomellato, mais ce n’était pas toute ma vie: c’était une formidable aventure professionnelle dont j’étais tombé amoureux.

Bien que l’opération se soit révélée très lucrative, Andrea Morante reconnaît qu’en d’autres circonstances, il serait volontiers resté quelques années de plus à la tête de l’entreprise, qu’il a quittée en 2015. Grand spécialiste du luxe, il avait participé, dans les années 1990, au redressement d’une marque emblématique de la mode italienne, dont il avait été administrateur et directeur des opérations. Et comme il a pu le constater, dans les entreprises familiales, la dégradation del’état de santé des dirigeants peut tout remettre en question.

Même s’il regrette le côté glamour de son poste de directeur général dans le monde du luxe, «qui peut devenir addictif», il n’a pas ressenti de vide quand tout s’est arrêté, ce qu’il explique par la diversité de son parcours professionnel et l’équilibre qu’il a su trouver entre projets entrepreneuriaux et temps consacré à ses passions et hobbies.

«Beaucoup de chefs d’entreprise dédient leur vie à leur activité. La vente et les mois qui suivent sont donc des périodes particulièrement difficiles, souligne-t-il. Je détenais une partie du capital de Pomellato, mais ce n’était pas toute ma vie: c’était une formidable aventureprofessionnelle dont j’étais tombé amoureux. J’avais d’autres centres d’intérêt et d’autres projets.» D’ailleurs, convient Andrea Morante, les choses sont différentes quand c’est un membre de la famille qui cède ses parts, car l’attachement est beaucoup plus fort.

Miser sur le luxe, côté amont

La page Pomellato tournée, Andrea Morante a décidé d’investir dans la filière des articles de luxe. «Quand on a la chance de trouver de petites entreprises qui fournissent le secteur du luxe, on peut les aider à devenir des partenaires incontournables pour une marque. Elles créent alors une valeur bien supérieure au prix de ce qu’elles vendent et possèdent donc un plus grand pouvoir de fixation des prix.»

C’est en prenant une participation majoritaire dans AMF, en 2016, qu’Andrea Morante a pris conscience de l’importance de la durabilité dans la production d’accessoires métalliques.

Avec des amis, il porte son choix sur AMF, une société établie dans le nord de l’Italie, qui, à l’époque,consolidait sa production d’accessoires métalliques à destination du marché du luxe. «J’avais l’avantage de venir de ce milieu, donc je savais que les marques attachaient de plus en plus d’importance à ces accessoires et à leur durabilité: aujourd’hui, un sac se distingue par sa forme, bien sûr, mais aussipar la qualité de sa chaîne, de sa glissière et de son fermoir.»

Andrea Morante a également investi dans Locman, une entreprise horlogère italienne, ainsi que dans une start-up qui fabrique de la crème glacée (Stecco Natura) et un spécialiste des technologies de filtrage de l’air (Kair Laser). Autant d’entreprises qu’il juge capables d’aller plus loin et dont il pense pouvoir accroître la valeur grâce à ses réseaux. Il a également cofondé à Milan QuattroR, un fonds de private equity spécialisé dans le redressement d’entreprises, souvent des sociétés familiales qui rencontrent des difficultés financières ou qui ont besoin d’aide pour libérer leur plein potentiel.

Apprendre des succès autant que des échecs

Les choses se sont-elles déroulées selon ses plans après son départ de Pomellato? «Je dirais que, sur le plan économique, une bonne moitié des projets ont fonctionné comme prévu, 35% m’ont réservé une bonne surprise et 15% sont ce qu’on peut qualifier d’investissements peu porteurs.»

Mes conseils: essayez de transformer les problèmes en occasions d’apprendre, tout en limitant autant que possible les dommages collatéraux. Et assumez vos erreurs, c’est très important.

«Quand on investit, il faut avoir conscience du fait que, tôt ou tard, on se heurtera à une difficulté: un actif qui n’est pas liquide, que l’on doit vendre à perte ou qui finit par devenir très chronophage alors que le temps est précieux», prévient-il. Même s’il n’entre pas dans les détails, bon nombre d’investisseurs devraient se reconnaître dansses paroles, car toutes les entreprises ne sont pas vouées au succès.

A-t-il des conseils à donner? «Essayez de transformer les problèmes en occasions d’apprendre, tout en limitant autant que possible les dommages collatéraux. Et assumez vos erreurs, c’est très important.»

Passionné d’art, Andrea Morante apprécie tout particulièrement les artistes contemporains émergents, dont Sassan Behnam-Bakhtiar.

Parallèlement à l’investissement, Andrea Morante consacre aujourd’hui davantage de temps à sa passion pour l’art,et plus particulièrement pour l’art italien du XXe siècle et les œuvres d’artistes contemporains émergents. Il soutient également un spécialiste de l’Arte Povera qui veut ouvrir un musée dédié à ce mouvement, auquel appartiennent des artistes comme Alighiero Boetti et Giuseppe Penone.

Après sa sortie du capital de Pomellato par la grande porte, mais à un moment inattendu, Andrea Morante semble aujourd’hui heureux de sa nouvelle vie d’investisseur et de collectionneur.

Andrea Morante - Biographie

Années 1990

Occupe les fonctions d’administrateur puis de directeur des opérations d’une grande marque de luxe italienne

2008

Prend une participation minoritaire dans Pomellato, à l’invitation de son fondateur, Pino Rabolini, qui le nomme directeur général

2015

Quitte Pomellato après avoir développé la marque sur le marché international, un départ qui fait suite à la cession de l’entreprise à un groupe de luxe mondial, en 2013, en raison des problèmes de santé de Pino Rabolini

2016

Prend, avec d’autres investisseurs, une participation majoritaire dans AMF, une entreprise italienne qui fabrique des accessoires métalliques pour le secteur du luxe

2016

Cofonde, à Milan, le fonds de private equity QuattroR, spécialisé dans le redressement d’entreprises et le capital-développement

2018

Investit dans l’horlogerie (Locman), les glaces (Stecco Natura) et le filtrage de l’air (Kair Laser)

2025

Consacre plus de temps à sa collection d’art et à l’écriture, tout en conseillant de jeunes entrepreneurs

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